mardi 29 novembre 2016

Carne val

J'avais envie de vivre une vie sans regrets.

Ca commence plutôt mal, la vie. Chez le voisin l'herbe est plus verte, plus grasse, et même si le voisin n'a pas d'herbe, on envi sa dalle de béton où les enfants font du vélo et jouent au basket-ball.

C'est sans arrêt les mêmes quêtes personnelles, le plaisir, la sérénité, la gloire ou la sagesse, on décortique un système complexe de chimères enchevêtrées les unes dans les autres. On fait ça, on perd un temps précieux puis on se plaint, puis ça va mieux, deux jours, trois maximum, avant de revenir comme Sysiphe au fond de la vallée d'un ennui pire que la mort.

Des regrets, finalement, on ne peut que feindre de les oublier. Le soir, on souffle la bougie ou coupe le contact d'une lampe de chevet, et si j'oubli de me distraire assez de moi-même, voila les démons insatisfaits qui renaissent dans l'ombre de mes draps. Ils me parlent au son de la tristesse et de l'insomnie.

Que disent t'il? Des choses impardonnables, les secrets de mon coeur qui me sont inconnus le jour, ils prouvent ma vie misérable et me forcent à les supplier...

Parfois, dans le secret de mes nuits les plus sombres, j'invoque ces dieux bâtards pour leur céder quelques parcelles de mon âme chagrine, y troquant le réconfort de leurs perfides promesses.

Et puis, consolé et honteux quand le matin se lève, je me mens, c'était peut-être un rêve, et veille cependant avec précaution que jamais ces demiurges ne s'accordent sur le sort qu'ils me réservent, et qu'il reste, dans ma vie de regrets et de doutes, quelque part où s'annulent les tyrannies infernales du désir, un petit lopin d'espoir, de lumière et de liberté.

dimanche 6 novembre 2016

fatalitas

Je nage dans la bulle de l'inaction. L'exacte endroit où j'envisage, où je projette, où je construit les buts, où je m'approche de l'action sans l'atteindre. Ne pas faire par peur du mauvais choix, pour ne pas commencer un projet plutôt qu'un autre. Comme si l'ordre d'exécution de ceux ci était d'une capitale importance. Que cela conditionnait leurs réussites individuelles, leur réussite globale, ensemble, comme une mur est fait de brique, comme un édifice. Il s'agit presque du risque d'effondrement du monde.

Alors j'attends, en apnée, immobile, pensant.

Mais le vie ne dure qu'une seconde et déjà je sens l'eau dans mes poumons. Aussi je gesticule, je feins la résistance, je me persuade, parfois j'attrape un bord, un sujet, un thème, un espoir. Souvent c'est l'inverse, après l'effort, pouvant toucher terre, tout proche, j'y renonce, par orgueil peut être, parce que c'est plus facile "d'avoir pu" que d'avoir fait mal. Souvent plus une rive s'éloigne plus elle est belle et attirante, c'est là le piège que le centre du vide tend, pour mieux attirer à lui, mieux maintenir en son milieu. Alors le cycle reprend et d'immobile je gesticule, me noie toujours et n'agit pas.

A trop réfléchir au temps je le perd en voulant l'économiser. Alors tan pis j'attraperai maintenant tous les bords, vert ou jaune, grand ou petit, fictif ou réel. J'attraperai tout sans compter, sans regarder même. J'agirai pour agir, pour vivre, pour ressentir l'air.

Mais voilà peut être qu'encore je gesticule.

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