samedi 31 mars 2018

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La violette perce la rotondité de la Terre par ses fleurs reflets de miroir. Le printemps s'y regarde et tire sur l'orbite. Et la laisse de la promenade au long du soleil se couvre de la lumière de ses rayons. Et voici la Terre qui se beigne d'or comme un Narcisse aux milles couleurs.

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Le chant de l'oiseau est un porte plume
Le printemps postale délivre ses lettres

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La ruche de l'attente bourdonne de mille cerveaux aux ailes battantes. C'est l'agitation permanente et sur place. Le lent mouvement du miel qui coule sur les tempes. Et l'action qui manque est un bras en moins. Et le gourmand qui dégouline à beau tirer la langue.

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Sur le dos des fourmis les carapaces numérotées en lettres de lumière portent le poids de la Terre aux abois. Et le travail qu'elles fournissent dans l'immense chantier ne comblera pas toutes les carences de nuages. Et le bleu de l'air est de plus en plus lourd. Et les fourmis croulent à bout de bras sous ce toit qui s'effondre. Et avec elles tous les autres insectes avec ou sans antennes.

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La barque du Nord vibre de tempête et les Vikings rameurs rament
Comme des enfants qui doivent se laver les mains avant d'aller jouer à la guerre.

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Les pierres nagent
Dans l'eau, les cataclysmes
Taillées, empilées, posées, brut
Leurs rires de quartz est sans fin
Dans le sang, les hécatombes
Elles rient en flottant
Car elles savent, elles
Qu'à la fin elles hériteront
Que vidé de Terre
Il ne restera qu'elles

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La ceinture d'orbite à boucle de Lune ferme la bedaine de la grosse Terre. Et tout déborde en bourrelets. Et ça dégouline des tropiques. Et ça fond des pôles. Mais le goinfre astrale qui s'autodévore est encore affamé.
Et les étoiles goût caramel tentent de fuir
Et les planètes goût pâte de poulet tentent de fuir
Mais le monstre bleu à dents de sang et d'acier lance ses fusées en lasso
Et l'Univers toile cirée sera bientôt la nappe d'un autre festin

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Sur les routes inaccessibles je vogue sans espoir de retour. L'œuf moucheté du frichti n'a pas encore éclaboussé de lave la colombe éternelle. Pourtant le roucoulouloulement imperceptible s'amenuise dans son inaudibilité. Et déjà les plumes volent sans chairs et déjà la chair tombe. Déjà. Il est des temps infinis qui ne commencent jamais mais qui démarrent quand même. Et la vague en sommets d'aiguilles de montre se confond en écumes. Sur le sable. Sur le sable. Sur le sable.

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